La famille Pelletier est à nouveau au complet, puisque Angèle et  Louis reviennent du Liban après avoir revendu leur entreprise de savonnerie pour vivre auprès de leurs enfants en région parisienne. 

Depuis sa naissance, leur petite-fille Colette vit avec eux, sa propre mère Geneviève n’étant pas la plus bienveillante personne à son égard, et ce, malgré la réticence de son père Jean, qui n’a de caractère que les lettres du mot. La soeur de Jean, Hélène, file le parfait amour avec Lambert depuis le dernier épisode de la saga et attend un enfant. Et François, reporter et papa de deux enfants, va être abordé par les services secrets pour aller mener une opération d’espionnage en Tchécoslovaquie en pleine guerre froide. Il va falloir aller sauver un espion de la plus haute importance. 

« Il la trouvait ici ou là, recroquevillée sur un roman, et c’était pour Louis un crève-cœur de l’interrompre pour quelque chose d’aussi trivial qu’un dîner. Il se souvenait d’une période de son enfance où lui aussi s’était immergé dans des lectures en priant le ciel que la dernière page n’arrive jamais. »

Le récit très dense alterne les aventures des uns et des autres dans une France et une Europe des années 50 en plein développement économique. Alternant personnages touchants et irritants, Pierre Lemaitre mène sa barque à l’excellence et nous pousse à tourner constamment la page, malgré nos éventuelles contraintes quotidiennes ! 

« Chez Geneviève, la notion de gain et de perte était fondamentale. Au fond, cette femme était une comptable, comptable des sentiments, des affaires, des relations, de tout. »

On veut savoir si la petite Colette va réussir à se sortir des griffes du voisin qui l’agressera violemment (j’avoue avoir sauté les pages de cette séquence trop violente). On veut savoir si Jean parviendra à assumer son titre de patron malgré les manigances de son épouse diabolique. On veut connaître la résolution de la sortie de l’espion d’Europe de l’Est. On croit à l’immortalité des grands-parents qui doivent tenir bon pour que leur famille reste unie.

Les personnages sont très bien croqués, je me suis beaucoup attachée à la petite Colette qui fera preuve d’un incroyable courage et d’une personnalité bien trempée. Et de François perdu dans une situation qui lui échappe et qui montrera imagination et persévérance dans une situation très dangereuse. 

« Pour l’espion, le passé n’existe quasiment pas. Tout se déroule dans le futur, il faut sans cesse anticiper, se projeter, imaginer le coup d’après…. Et dans le présent parce que c’est là que tout se passe. Qui me suis, qui me regarde, ai-je le temps.. ? Pour l’espion, le présent est une drogue, une fièvre. Personne ne peut renoncer à ça facilement… »

Ouf ! C’est passionnant. Et on a hâte de lire la suite ! Pierre Lemaître annonce une suite à cette tétralogie sous forme d’une nouvelle trilogie au coeur des années 80. Cela promet de nouvelles pages étonnantes à tourner.